16/01/2007

cons pelloteurs...


Comment les riches détruisent la planète, par Hervé Kempf. Éditions du
Seuil, 2007. 150 pages, 14 euros.

Le titre annonçait la couleur. Mais, avouons-le, on ne s’attendait pas à
un coup de gueule si véhément, à un état des lieux si noir de la
planète. Sans doute était-ce l’image, toute d’objectivité, de retenue et
de pondération, du quotidien du soir dans lequel travaille le
journaliste Hervé Kempf qui nous avait induits en erreur. La lecture des
premières lignes de ce brûlot salvateur devait vite nous remettre les
idées en place. « La situation écologique de la planète, écrit l’auteur,
empire à une allure que les efforts de millions de citoyens du monde
conscients du drame mais trop peu nombreux ne parviennent pas à freiner.
» Ajoutant immédiatement : « Le système social qui régit actuellement la
société humaine, le capitalisme, s’arc-boute de manière aveugle contre
les changements qu’il est indispensable d’opérer si l’on veut conserver
à l’existence humaine sa dignité et sa promesse. »

Nourri par vingt ans de reportages et d’enquêtes sur les questions
d’environnement, Hervé Kempf a vu la biodiversité se dégrader, la «
guerre secrète » autour des OGM (1) s’intensifier, les constats
scientifiques sur le changement climatique s’affiner. Opportunément, il
nous invite à comparer l’augmentation des températures qu’on nous promet
d’ici la fin du siècle (entre 1,4 et 5,8 ºC) avec les cinq petits degrés
qui séparent notre température moyenne actuelle (15 ºC) de celle de
l’ère glaciaire (10 ºC)... Il nous rappelle également que nous vivons
actuellement « la sixième extinction majeure dans l’histoire de la
terre, la plus importante depuis que les dinosaures ont disparu il y a
65 millions d’années ». Fort de ces constats, l’auteur ne craint pas
d’affirmer aujourd’hui que « nous sommes entrés dans un état de crise
écologique durable et planétaire ». Une crise qui, selon lui, devrait «
se traduire par un ébranlement prochain du système économique mondial ».
Ou, en l’absence « de choc brutal », par « la poursuite de la
dégradation en cours, dans laquelle les peuples s’habitueraient, comme
par un empoisonnement graduel, à la déréliction sociale et écologique ».

Il va même plus loin en donnant un nom à ce mal qui nous ronge : « le
capitalisme », représenté ici par cette « oligarchie qui accumule
revenus, patrimoine et pouvoir avec une avidité dont on n’avait pas eu
d’exemple depuis les "barons voleurs" américains de la fin du XIXe
siècle ». Oligarchie dont le mode de vie et de consommation définirait
celui de notre société tout entière, selon l’analyse de l’économiste
américain Thorstein Veblen (1857-1929) qu’Hervé Kempf reprend à son
compte. Oligarchie surtout, dont l’auteur nous dit qu’elle « veut se
débarrasser de la démocratie et des libertés publiques qui en
constituent la substance », en prenant pour preuves les réformes
récentes menées au nom de l’antiterrorisme ou de la sécurité.

Dans ce contexte, le journaliste du Monde ne semble pas croire au rôle
du politique pour sortir de la nasse. Ou plutôt se désole de la
faiblesse insigne de ses représentants actuels. Il a beau appeler à «
l’optimisme », se réjouissant par exemple du « rejet du projet
capitaliste de constitution européenne en 2005 », Hervé Kempf nous
propose ici un texte dont on sort quelque peu groggy, car plus disert
sur les causes de la catastrophe que sur les moyens de l’éviter. Mais
ceux-ci existent-il vraiment ?

(1) Hervé Kempf, la Guerre secrète des OGM,

Seuil, 2003.

Alexandre Fache

2 Grains de sel:

harissa a dit…

je me souviens quand ils ont commencé à parler de la destruction de la couche d'ozone, les effets ne devaient être ressenti que dans quelques paires de centaines d'années, je ne pensais pas un instant que je le verrai, je flippais pour mes gosses, ou plutot pour les gosses des gosses de mes gosses, mais là, j'avoue que ces saisons folles, ce temps qui merdoie me laisse supposer que c'est commencé, même bien avancé...
j'ai une belle fille et un fils qui mettent du fric sur un livret pour leurs mômes, je vais peut être leur offrir ce bouquin à ces jeunes qui appartiennent si bien à notre belle société de consommation...ça juste avant qu'ils s'offrent un 4x4 géant pour rouler sur nos petites routes de campagne...

Anonyme a dit…

PETITION POUR LE RETOUR DE JOSE BOVE = http://www.unisavecbove.org/spip.php?article1