10/04/2007

on n'y est pas encore...

trouvé dans le "monde libertaire"
si même les anarchistes (fédérés) se mettent à défendre la croissance, c'est à s'arracher les cheveux...
à moins qu'ils n'enfourchent ici un cheval de bataille leur servant à masquer autre chose, le fait qu'ils soient dépassé sur leur aile par une forme de résistance qu'ils ne maitrise pas de manière fédérée... la défense somme toute d'une forme syndicale : le contraire de l'anarchie en quelque sorte...

et confondre après une analyse somme toute assez juste, décroissance avec recul technologique, surtout à l'échelle globale, c'est fort...


Le concept de décroissance est à la mode. Il vise à remettre
en question nos modes de production et de consommation afin
de résoudre la question environnementale et, par conséquent,
d'améliorer nos vies et même de sauver la Terre.Qui n'en
voudrait pas? Mais adopter un mot sans voir ce qu'il recouvre
en profondeur est une démarche à courte vue.
Le concept de décroissance s'oppose à celui de croissance.
il s'agit d'en finir avec celle-ci, et de proposer, de faire autre
chose. Qu'est-ce donc alors que la croissance?





LA CROISSANCE est généralement définie comme l'augmentation de la production économique ou, si l'on prend en compte la
démographie, comme l'augmentation du produit par habitant. C'est notamment la conception
que propose l'économiste Rostow à partir des années 1950, Au sens strict, la croissance
ne se confond pas avec le développement qui suppose également une amélioration dans les
secteurs non productifs, Depuis les années 1950, les débats n'ont cessé de s'interroger
sur la relation entre croissance et développement, sur lequel des deux doit précéder
l'autre, dans quelle mesure l'un ou l'autre constitue une condition nécessaire ou suffisante
(1). Il ne faut pas oublier que plusieurs économistes comme Joseph Schumpeter ou
François Perroux opéraient bien la distinction entre les deux notions et les deux processus et
sans se contenter d'une approche purement quantitative de l'économie ou des sociétés.
Schumpeter, par exemple, célèbre pour sa théorie de la « destruction créatrice » (on
croirait du Bakounine...), avait déjà indiqué que la croissance n'était pas la multiplication
du nombre de chandelles, mais leur remplacement par l'électricité.
La décroissance suppose donc en opposition au sens strict et initial à la définition de la
croissance, une réduction de la production économique. Deux questions se posent alors:
est-ce impératif? Est-ce souhaitable? Inversement, la croissance comprise
comme augmentation de la production est elle nécessaire? Possible? Car dans le raisonnement
de la plupart des théoriciens de la décroissance, la réponse est négative puisque
la croissance ne serait physiquement plus possible vu "les limites de la planète".
Il faut donc aborder les deux aspects de la nécessité et de la possibilité. La réponse doit
mettre aussi en adéquation la question des besoins et des ressources, en se positionnant
par rapport aux problèmes concrets du présent et du futur proche (2).
La nécessité d'évaluer les besoins, les besoins humains sont larges: à la fois
essentiels (ceux qui sont biologiques) et infinis
(ceux qui relèvent de la réalisation de soi, de l'artistique, de l'esthétique, du rêve.. .). La
considération associée de ces deux aspects constitue d'ailleurs l'une des différences fondamentales
de l'anarchisme avec les autres socialismes et les religions qui, tous et toutes,
brident les potentialités de la réalisation humaine. L'anarchisme étend au contraire le
rapport crucial, le champ, entre ce qui est désiré et ce qui est faisable. Cette approche
constitue l'une des pierres d'achoppement historique avec ceux qui, régulièrement,
répliquent que l'anarchie n'est pas possible, et qui jettent, avec commisération au mieux,
avec violence au pire, les anarchistes dans le coin de l'utopie, sous-entendu de l'irréalisable,
Le socialisme, au sein duquel se place historiquement l'anarchisme, constitue une rupture
avec les anciens régimes en ce qu'il refuse décidément de laisser les sociétés voguer au
gré des caprices de la nature ou des souverains. Il récuse la fatalité biologique ou sociale,
il veut que l'humanité prenne en main son destin et ses affaires. On comprend qu'il
rebute les dirigeants mais aussi les éternels prophètes du malheur, les catastrophistes ,
d'hier, les curés, les pasteurs ou les mollahs qui promettent l'apocalypse ou le paradis
ailleurs, ailleurs que sur la terre.


Sur cette base socialiste, l'anarchisme a le souci de coupler évaluation des besoins et
satisfaction de ceux-ci sur une base rationnelle, scientifique même, n'ayons pas peur du
mot. il se distingue des promesses gratuites et démagogiques du socialisme parlementaire ou
bien du « on verra demain » du communisme marxiste qui, cherchons-le bien dans les textes
de ses fondateurs, ne donne jamais précisément et concrètement les cadres de la société
future qu'il envisage. C'est d'ailleurs l'une des obsessions d'Élisée Reclus ou, mieux encore,
de Pierre Kropotkine. ce dernier rappelant: « la grande question [est]: que devons-nous
produire, et comment? »3. Même si le monde a changé depuis
Kropotkine, il est devenu non pas « postindustriel », comme les idéologues du postmodernisme
le prétendent abusivement, mais au contraire « hyperindustriel ». il ne s'agit pas
d'exhumer les grands ancêtres mais de reprendre et d'actualiser leur raisonnement.
« Oublier », comme chez la quasi-totalité des théoriciens de la « décroissance » (en France:
Serge Latouche, François Ramade, Paul Ariès, Pierre Rabhi, Nicolas Ridoux...), l'existence
historique de ce raisonnement, et les réponses qui ont été esquissées, n'est bien entendu pas
neutre, et mérite d'être examiné sérieusement
4.

Ouels sont les grands besoins matériels '? Quels sont donc les grands besoins matériels
de l'humanité dans le temps présent et le futur 'proche? Ils sont absolument considérables.
Pour l'essentiel: la nourriture, le logement, les commodités de vie, le confort.
Considérables en qualité, considérables en quantité, d'abord parce que les êtres humains
sont nombreux. On peut regretter ce trop grand nombre,
mais telle est la situation. À moins de rejoindre les solutions misanthropiques radicales qui
consistent à souhaiter famines, guerres et épidémies pour expurger la planète de ce qui
serait son trop-plein démographiques. Notons que ceux qui jugent que nous sommes trop
nombreux sur terre ne se proposent jamais de partir les premiers, et ce sont toujours les
autres qui doivent se dévouer. Position logique et classique du chef ou du prêtre.
D'après les estimations de la FAO, entre 30 et 50 millions de personnes souffrent de faim
aiguë, et près de 800 millions de malnutrition 6. Selon les projections de la division
démographique de l'ONU, la population mondiale passera de 6 milliards de nos jours à
un chiffre compris entre 7,3 et 10,7 milliards en 2050, l'estimation la plus vraisemblable
étant de 8,9 milliards. Depuis Malthus, au moins, la démographie est un enjeu politique et idéologique, le
prétexte aux politiques anti-humaines les plus radicales, à la misanthropie et au catastrophisme.
Après tout, Malthus répondait à l'égalitarisme social de l'anarchiste Godwin et au
progressisme de Condorcet. Il proclamait malheur aux pauvres, en imposant l'image - .
fausse - du banquet où il n'y a pas de place pour tout le.monde, et en se trompant quant à
l'opposition entre progression arithmétique des subsistances et progression géométrique
des ressources 7. Les ,catastrophistes de la démographie véhiculent les pronostics alarmistes qui s'avèrent
généralement erronés. En 1964, un certain Gaston Bouthoul écrivait par exemple:« Le monde actuel contient
3 milliards environ d'êtres humains, 2 milliards d'entre eux sont sous-alimentés. Or au taux actuels de la
croissance mondiale, en l'an 2000 il y aura six milliards d'habitants sur la Planète (sic) qui
n'arrive pas à en nourrir trois» 8.Ce Bouthoul, qui s'autoproclamait démographe,
alors qu'il était en réalité spécialiste des conflits militaires, c'est tout dire, ne s'est
pas trompé sur le chiffre de 6 milliards d'individus, qui est le chiffre actuel. Mais il a fait
erreur sur le reste: ce n'est pas 3 milliards d'individus qui ne sont pas nourris mais près
de 800 millions (800 millions toujours de trop, faut-il ajouter), comme on l'a vu, soit la
bagatelle d'une erreur de 400 %. La révolution verte est en effet. quoiqu'on en dise ou
qu'on en pense, passée par là. Quant à la prévision de 20 milliards d'habitants d'ici à l'an
2100 selon ce même Bouthoul, elle est peu vraisemblable, la transition démographie
étant bien engagée, y compris dans les pays du tiers-monde.

L'exemple de l'eau potable
Avec près de 9 milliards d'individus dans une quarantaine d'années, les besoins humains
sont et seront de toute façon croissants. On peut même enlever le mode futur: ils le sont déjà.
Prenons un exemple. Selon certaines estimations, entre un tiers et la moitié des
Africains n'ont pas accès à1'eau potable de nos jours. Cela représente plusieurs millions de
personnes. Partons du principe que ces millions d'individus doivent bénéficier de cet
accès et, dans la foulée, du tout-à-l'égout, lequel"permet de réduire la saleté et les maladies.
Reconnaissons au moins l'idée que ces individus aspirent à cela - et je n'utilise pas lé
mot de confort, sauf à considérer qu'il est formidable pour l'humanité d'aller puiser de
l'eau souvent de mauvaise qualité parfois à des centaines de mètres du foyer. Ceux qui
seraient envieux ou nostalgiques de ce mode de vie peuvent essayer.
Pour ravitailler ces millions de personnes en eau potable et leur donner le tout-à l'égout,
il faut rassembler l'eau. C'est possible, car les ressources hydriques sont potentiellement
importantes. L'humanité ne prélève actuellement que 20 % environ des précipitations
qui ruissellent. Il reste donc encore une belle marge de ressource hydraulique, même
s'il y a bien entendu des variations selon les régions, y compris en Afrique 9:L'eau n'est pas
rare en soi, c'est sa répartition, son utilisation ou sa non-utilisation qui posent problème 1°.
Capter l'eau et l'acheminer jusqu'aux maisons est donc envisageable en Afrique. Pour
cela, il faut des barrages, des canaux, des conduits, des tuyaux, des lavabos, des robinets,
et donc du ciment, du béton, des ferrailles, des aciers, en milliers de tonnes. Pour
les obtenir, il faudra bien produire, ouvrir des carrières, des mines, construire des usines, les
alimenter, acheminer les matériaux, et pour cela construire des routes, des camions, des
usines de fabrication de camions, etc. Autrement dit, il faudra augmenter la production
recycler les biens usagers des pays riches ne suffira pas, sans parler de la condescendance
que cela signifie -, il faudra de la croissance.
Entendons-nous bien: de la croissance au sens premier du terme, rappelé plus haut, ce
qui ne nous indique pas le mode de production et de consommation. (répartition) qui
serait alors mis en oeuvre, ou qui devrait l'être. Il ne faut pas confondre les deux.
Si ce raisonnement déplaît, ce n'est en tout cas pas moi qui irai expliquer aux Africains
(ou à d'autres...) que les habitants des pays riches ne veulent pas, au nom de la décroissance,
que ceux-ci aient accès à l'eau potable et au tout-à-l'égout (ou à d'autres choses essentielles. . .) .

Des besoins croissants
Satisfaire les besoins de milliards d'individus signifie bien qu'il faut plus de riz; de blé, de
mil, de patates, de soja, de laitage. Plus de ciment, de béton, de ferraille, de câbles, de
tuyaux. Plus d'écoles, de centres de soins, d'hôpitaux. Oui: plus.
On pourra évidemment construire autrement, éviter les gâchis, faire davantage d'économies,
utiliser des énergies renouvelables (en fabriquant aussi des appareils capables de
les fournir) ou multiplier les précautions (mais les isolations, par exemple, demandent
aussi des matériaux), développer une agriculture qui ne ruine pas les sols ni les nappes
phréatiques, des solutions multiples qui ne sont pas forcément ubiquistes et qui devront
s'adapter aux possibilités du lieu. Il existe déjà des architectes qui utilisent des matériaux.
intéressants (comme le bambou), qui conçoivent des systèmes astucieux (solaire, récupération
de l'eau de pluie...) ou qui fabriquent même du beau béton.
Produire mieux, plus intelligemment, sans être soumis à la logique du profit ou aux diktats
de la technobureaucratie, répartir différemment, égalitairement, certes, mais produire plus quand même.
Répartir ce qui existe déjà ne suffira pas, il faut le dire très clairement. Distribuer ,les
stocks ne palliera que provisoirement les besoins. Éliminer les gaspillages, rationaliser
les usages de matières premières et d'énergie, paraît mince pour 9 milliards d'individus.
Occuper les logements vides ne résoudra pas la question de l'habitat. Rien
qu'en France, l'Insee chiffre à 300000 le nombre de logements sociaux nécessaires à
construire par an.
Raser les taudis du monde entier, rénover les immeubles et les maisons, donner accès à
l'eau courante, au. tout-à-l'égout, à l'électricité, construire des barrages (même de petite
taille) pour capter l'eau, des stations d'épuration pour la rejeter propre, tout cela demande
et demandera des efforts énormes. Autrement dit, il faut produire plus. Ce que, précisément,
dénoncent les tenants de la « décroissance » qui estiment qu'il faut produire moins.
Réduire le trafic automobile, promouvoir les transports collectifs ou la bicyclette, ne plus
construire de ports ou d'aéroports, pourquoi pas, mais à condition que les ressources disponibles
pour satisfaire les besoins vitaux soient disponibles à proximité, ce qui soulève plusieurs
problèmes:
Cela reste à démontrer, et cela n'est pas toujours possible; les plantes ti'opicales par
exemple (coton, cacaoyer, hévéa, canne à sucre, café...) sont cultivables sous... les tropiques,
pas sous les latitudes moyennes, à moins d'utiliser des serres (ce qui pose la
question de leur construction et de leur chauffage).

Quand c'est possible, cela signifie qu'il faut défricher, ouvrir de nouveaux champs,
modifier les écosystèmes (qui sont loin d'être naturels sous les latitudes moyennes puisqu'ils
résultent de défrichements millénaires, ainsi que sous les tropiques où la savane résulte des
incendies provoqués par les hommes depuis la nuit des temps).
Il reste toujours la question de l'acheminement: transport, routes, ,engins.. .
La question des limites, la réponse à cette ampleur des besoins de la
part des tenants de la « décroissance.», ainsi que de la part de la quasi-totalité des écologistes,
c'est de dire que la « planète est finie»,que les « ressources sont limitées», bref que
c'est impossible de satisfaire les besoins en "question. L'un des arguments consiste à dire
que, si le monde entier vivait au même niveau que les États-Unis (ou la France, ou le
Japon, etc.), il faudrait au moins trois (ou plusieurs) planètes. Constat a priori sans appel!!.
Il faut pourtant l'examiner sérieusement.Passons sur les approximations de l'estimation
qui varie suivant les interlocuteurs et les époques.Relevons que, malgré mes recherches,
je n'ai jamais trouvé le mode de calcul qui permette d'arriver à un tel résultat, ce qui pose
problème, pour le moins. Le raisonnement restant cependant le même, intéressons-nous-y.
On constate qu'il néglige un aspect majeur: certes les pays industrialisés' et développés
consomment bien plus que la plupart des autres pays, mais ce qu'ils fabriquent -
grâce à des matières premières ou des énergies importées, bien sûr, mais aussi produites sur
place - est largement exporté, et consommé, dans le monde entier. C'est d'ailleurs sur ce
commerce international qu'est bâtie leur.richesse. Autrement dit, la production et la
consommation ne sont pas unilatérales, et elles sont très imbriquées. Ce qu'un pays
pauvre se mettrait à produire et à consommer par lui-même viendrait remplacer, pour tout
ou partie, les biens que lui fournit actuellement un pays industrialisé, lequel produirait
moins et utiliserait donc moins de ressources.Le calcul serait à refaire...
Sur les évaluations des. ressources et des limites de la planète, la plus grande confusion
règne en réalité. Les chiffres sont très rarement vérifiés, les modes de calcul presque jamais
explicités. Alors que les statistiques de nombreux pays sont suspectes (Chine, Russie,
Afrique...), qu'on ne sait même pas combien d'habitants vivent en Corse, ni prévoir exactement
le temps qu'il fera d'ici à une semaine, beaucoup n'ont pas peur d'asséner quantité de
chiffres, de les mouliner et, à partir d'eux, de jeter des pronostics sombres de façon péremptoire
et pseudo scientifique. Les ressources fossiles, non renouvelables par définition, sont par exemple souvent
amalgamées avec les ressources renouvelables. La question de l'eau (ressource renouvelable)
est à cet égard exemplaire. Il s'agit d'un enjeu essentiel, fondamental, dans toutes ses dimensions
(alimentaire, sanitaire, agricole, écologique, géopolitique...). Comme on l'a vu,
l'humanité ne prélève que 20% environ des eaux qui ruissellent dans l'état actuel des précipitations,
ce qui n'empêche pas d'aucuns de proclamer que la planète manque d' eau! Certains
habitants, nombreux, manquent d'eau, certes, mais la planète, non: nuance de taille!
Selon le premier point de vue, on considère l'eau comme une question sociale, de justice
économique. Selon le second, on la réduit à une question purement écologique, ce qui
permet de faire peur à bon compte, de masquer les vraies responsabilités et donc de proposer de fausses solutions.
Du glissement sémantique à la dérive politique Le concept de « décroissance » a des avantages et
des inconvénients. Il est utile s'il s'agit de dénoncer les gaspillages, les gadgets, les productions
inutiles, les aménagements superflus, la course en avant des politiques économiques. De
remettre en cause la politique impulsée par les États-Unis et leurs experts au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale pour « développer » les pays du tiers-monde afin que ceux-ci ne
tombent pas aux mains du communisme. En revanche, il ne l'est pas dès que l'on
s'interroge sur la signification entière et profonde du mot, sur la logique ultime qu'il
porte, sur certaines de ses implications économiques et sociales, sur l'orientation politique
de ses créateurs. Dans le domaine de la « décroissance » comme dans d'autres « Société de consommation
», « équilibres naturels », « surpopulation », « empreinte écologique», « limites de
la planète »), il reste nécessaire de s'interroger et de garder un recul critique: pour éviter de se
faire abuser (là comme ailleurs), de mieux agir sur le présent et de mieux préparer l'avenir. Il
importe aussi de garder en vue les objectifs. Or quelle est la finalité de l'anarchisme
sinon d'être une réponse à la question sociale? Il postule une satisfaction des besoins matériels
et spirituels de l'humanité afin que les individus réalisent leur émancipation selon
leurs affinités. Autrerl1ent dit, une articulation entre le collectif et l'individuel, par une relation
libérée du pouvoir et .des contraintes matérielles - si possible, le plus possible.
De deux choses l'une: soit le mouvement anarchiste revendique la nécessité de répondre
aux besoins humains, de produire' davantage et mieux, de répartir égalitairement les biens,
soit il la réfute. En ce cas, qu'il l' explique aux millions de crève-la-faim et de pauvres.
Sinon, il peut se demander pourquoi en une trentaine d'années. le slogan correct de « produire
et consommer autrement » est devenu « vive la décroissance » (un glissement qui n'est
pas seulement sémantique mais qui est aussi, et subrepticement, politique), pourquoi les principaux
théoriciens de la décroissance évitent le plus possible de parler d'anticapitalisme tout en
dédaignant souverainement l'anarchisme, ses questionnements et son histoire. Poser la question,
c'est déjà y répondre...


Ph.P.











1. Éric Berr et Jean-Marie Harribey, « Le concept
de dévèloppement en débat », Économies et Sociétés, 43-
3, pp, 463-476,2005.
2. Mettons de côté les problèmes de méthode et
d'interprétation soulevés par le mode de calcul de la
croissance, ou de la décroissance. De toute façon, ce
n'est pas en cassant le thermomètre (la mesure) que
l'on fait baisser la fièvre (le symptôme et ses
causes). .
3. Pierre Kropotkine (1 91 0), Champs,usineset ateliers,
ou l'industrie combinée avec l'agriculture et le' travail cérébral
avecle travailmanuel,Paris, Stock, 490 p., préface de la
première édition anglaise, p. XIv. Donner le titre du
livre en son entier permet de rappeler l'ambition de
l'auteur dans toute sa dimension.
4. Je n'ai' pas la place de le faire ici, On aura
deviné qu:il ne s'agit pas d'un véritable « oubli »
mais bien d'une posture politique (au sens large),
laquelle n'~st pas à l'avantage.de l'anarchisme, bien
au contraire.
5. Rappelons que les écologistes radicaux d'Earth
first! par exemple ont salué le sida comme « une
solution nécessaire au problème de surpopulation »
(Christopher Manes) et que face à la famine en
Éthiopie « la pire chose que nous. pourrions faire
serait d'apporter une aide, alors que la meilléure
serait simplement de laisser la nature trouver son
propre équilibre et de laisser les gens là-bas mourir
de faim.» (Dave Foreman). Quelleécologieradicale?Dave
Foreman,Murray Bookchin,écologiesoéiale et écologieprofondeen
débat, Lyon, ACL, 146 p., p. 120. Il est pour le moins
remarquable que la position des écologistes radicaux
nord-américains rejoigne la position capitaliste libérale
classique du « laissez-faire» adoptée par les
dirigeants nord-américains. Cela donne pour le
moins à réfléchir.
. 6. Le critère retenu est moins de 2 200 calories
par jour par personne:
7, Un démontage scientifique en règle des théories
de Malthus (qu'il ne faut'pas confondre avecle
terme mal choisi de néo-malthusianisme) a été fait
par Hervé Le Bras (1994), les Limites de la planète, mythes
de la nature et de la population, Paris, Flammarion, 356 p.
$. Gaston Bouthoul (1 964), la Surpopulation, Petite
BibliothèquePayot, p, 97. '
9. Les précipitations et les ressources en eau peuvent
de surcroît augmenter si l'on admet la théorie
du globalwarmingcar l'humidité, la vapeur d'eau et la
précipitation sont conditionnées par la chaleur.
10, La Pénurie d'eau: donnée naturelle ou question sociale?,
Géocarrefour, 80-4, 2006.
Il. Et régulièrement ressorti. C'est la première
phrase et l'argument choc exprimés par Nicolas
Hulot interrogeant Ségolène Royal Sur France 2 jeudi
15 mars 2007,

2 Grains de sel:

Anonyme a dit…

Hé, hé...(j'fais court, j'suis un anarchiste en décroissance !)

harissa a dit…

tu sais que le sujet de la décroissance me prends aux tripes, juste parce que je n'ai rien trouvé de plus raisonnable comme solution, comme manière de vivre, comme participation, comme objectif, comme moyen... putain, je suis en chantier depuis...
quand j'aurai vendu cet appartement, que j'aurais fini d'engraisser mon banquier, je serai enfin en accord avec mes envies les plus profondes, alors je ferai suivre, ce que j'aurais appris, ce que j'aurais compris.
contrairement à pascal, je ne sais pas ce que je suis, je sais seulement où je veux en venir, j'y viens, pas vite, pas assez vite, mais j'y arriverai... tu sais... le sens...