03/04/2007

bonne nouvelle...

le voyage se fait sur des semelles de vent...



L’âge d’or du consumérisme

kilométrique est derrière nous. Au

moment où le milliardaire Richard

Branson veut mettre le tourisme

spatial à la portée de tous (le Monde,

19 avril 2006), le très orthodoxe Financial

Times (10 novembre 2006) lui-même

reconnaît, désenchanté : « Le tourisme sera de

plus en plus considéré comme l’ennemi

environnemental public mondial numéro 1. »

Le désir de voyages et d’aventure est sans

doute inscrit au coeur de l’homme, et cette

source d’enrichissement ne doit pas se tarir.

Mais la curiosité légitime et l’enquête

éducative ont été transformées en

consommation marchande destructrice de

l’environnement, de la culture et du tissu

social des pays « ciblés » par l’industrie

touristique. Le « bougisme » – se déplacer

toujours plus loin, plus vite, plus souvent, et

moins cher –, manie largement artificielle

entretenue par les médias et les voyagistes,

doit être revu à la baisse. Et l’écotourisme et

le tourisme éthique (équitable, responsable,

etc.) que l’on propose à la place ne visent-ils

pas à prolonger la survie d’une activité

marchandisée condamnée ?

L’alibi d’aider au « développement » du Sud est

fallacieux. D’après Artisans du monde, sur

un forfait vacances de 1 000 euros, 200

seulement reviennent en moyenne au pays

hôte. Pénurie de pétrole et dérèglement

climatique obligent, l’avenir sera : toujours

moins loin, moins souvent, moins vite et

plus cher. À vrai dire, ce n’est dramatique

qu’en raison du vide et du désenchantement

qui nous font vivre de plus en plus

virtuellement mais voyager réellement, aux

dépens de la planète.

Il nous faut réapprendre la sagesse des âges

passés, comme nous y invite Bernard Revel :

« Autrefois, partir en voyage était une aventure

pleine d’imprévus, de temps et d’incertitudes […].

Mais le plus souvent, homme aux semelles

enracinées, on restait sur sa terre natale. Un

clocher au centre et tout autour l’horizon

délimitent un territoire suffisant pour une vie

d’homme. Entre mille possibles, choisir celui que

propose le hasard dans le lieu même où il nous

fait naître, ce n’est pas forcément un manque

d’imagination. Cela peut même être le contraire.

Il ne faut pas bouger pour que l’imagination

déploie ses ailes (1). » À la différence des

750 peuples papous, condamnés pendant

des millénaires à vivre toute l’expérience

humaine dans l’horizon borné de leur

canton (ce dont ils ne semblaient pas souffrir

outre mesure), nous avons la chance inouïe,

grâce aux merveilles de la technologie, de

pouvoir voyager virtuellement sans quitter

notre foyer. Et puis, l’aventurier dans l’âme

pourra toujours se rendre en planche à voile

aux Seychelles. Si celles-ci existent encore…

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