13/04/2007

bobo...

toute société est le produit de l'équilibre des tensions qui la traverse...



vouloir s'exonérer d'une réflexion globale sur la violence, qu'elle s'exprime par la voie légale ou des pressions d'ordre légaliste ou d'influence ou par une voie plus directe par le biais de la criminalité ou de l'agitation sociale, c'est se priver d'une clé importante...



les candidats à la prochaine élection présidentielle, du moins les candidats porteurs d'un réel champ d'accès au pouvoir, nous présentent tous comme base symbolique de leur campagne une recomposition sociale autour d'un improbable ordre moral construit autour d'un socle religieux ou symbolique, fusse t'il le culte laïc de la patrie ou de la nation...

je pense qu'ils fondent la base de leur réflexion à ce sujet sur l'impression trompeuse que lorsque la religion était encore un fond social commun (à l'aube du XIX éme), la violence sociale était moins importante...



fondant cette observation comme axiome de leur démonstration, ils en tirent les observations suivantes :

ce qui a changé : c'est l'équilibre des différences culturelles : simplifions par les immigrés et plus particulièrement leur origine africaine...

ce qui a aussi changé c'est la dilution du fait religieux, la laïcisation des esprits...



et le remède semble dès lors assez simple, foutre les immigrés dehors et revenir à un ordre moral forcé, de type cultuel...







c'est oublier un peu vite le préambule du présent billet: l'équilibre des tensions...

le début du XIX éme pouvait sembler plus stable socialement à cause des changements évoqués précédemment, mais par le simple fait que le capitalisme, même dans sa frange la plus dure, assurait malgré tout une certaine redistribution des richesses, tout le monde, sauf choix contraire et à la condition de s'accommoder d'une certaine forme de soumission servile, pouvait trouver les moyens d'y assurer son existence...

cet accommodement était d'autant plus facile que les disparités sociales semblaient beaucoup moins évidentes, le pauvre croisant le riche, bien que le reconnaissant comme riche, ne le désignait pas forcément comme tel en se disqualifiant par là même comme composante pauvre de la société...



ce qui a vraiment changé, et qui constitue à mon sens la clé de voute d'une éventuelle compréhension, c'est le regard du pauvre sur lui même : non seulement il s'identifie réellement comme pauvre mais il à appris également à désigner le responsable de son état...

et ces responsabilités sont réelles: le capitalisme actuel ne se satisfait plus de créer de la richesse qu'il était bien obligé de partager, ne serait ce que pour se procurer la main d'oeuvre nécessaire à cette production : en l'arrachant à sa terre (exode rural), il en viens maintenant à détruire également la répartition à laquelle il était contraint...



en résumé après avoir crée de la paupérisation au siècle dernier, le capitalisme dans son évolution actuelle en est à créer de la misère... ce qui est devenu proprement insupportable à ceux sur lesquels elle s'exerce, d'autant plus qu'ils savent qu'elle est artificielle en ce sens qu'organisée et non comme on veut nous le faire trop souvent croire organique...



pour la question des immigrés, c'est le champ d'extension du "flux" migratoire qui a changé, après avoir épuisé la ressource locale de la paysannerie française, le "capital" s'est retourné vers des viviers plus dociles et plus malléables...

dabord les colonies et ensuite, l'importation de main d'oeuvre étrangère...

mais ce n'est pas cela qui rends le travail plus rare, c'est la concentration exclusive de celui ci, la transformation constante de la productivité en profits et bénéfices plutôt qu'en temps de loisir qui a contribué à créer les nouvelles tensions violentes de notre société, le refus du partage et de l'insertion de l'autre dans notre champ des possibles...



ni l'immigration, ni la perte du sacré, même laïque...

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