02/04/2007

on fait pas dans la dentelle...

sur ce blog, on trouve un article niant le massacre d'oradour sur glane...
quelques jours avant, les mêmes décoraient la ville de tulle en pendant une centaine d'otages aux balcons de la ville... une explication négationiste à avancer, peut être...

Tulle, 9 juin 1944


le 8 juin 1944, la division blindée SS Das Reich qui se dirigeait vers le lieu du débarquement pour prêter main forte à l’armée allemande, entre dans Tulle libérée par les maquis F.T.P. (Francs Tireurs et Partisans).
le 9 juin au petit matin, les SS prennent en otage des centaines d’hommes et les rassemblent dans la manufacture. Après un tri absurde et arbitraire qui durera des heures, 99 hommes de 17 à 42 ans sont pendus aux balcons de la ville dans un climat de terreur sous les yeux de la population, 149 hommes sont déportés dont 101 ne reviendront pas des camps de concentration. le 10 juin au matin la même division prend le chemin d’Oradour sur Glane.
Ces hommes n’ont pas été les seules victimes. Le 7 juin, 18 gardes-voies avaient été assassinés à bout portant par l’armée allemande et le 8 juin, 6 maquisards tués par la Das Reich à Pounot de Laguenne lors d’une expédition de nuit décidée par l’Armée Secrète.

Plusieurs mois avant le 9 juin 1994, dans la perspective du 50e anniversaire du « Drame de Tulle », Peuple et Culture décide d’initier un travail de mémoire vivante auprès des familles de victimes et de témoins directs. Cette initiative va prendre plusieurs formes : recueil de photographies qui donne pour la première fois visage aux victimes grâce à l’affiche de l’artiste « Ramon », réalisation du film « La mémoire des vivants » par Jean Pradinas , création d’un ensemble d’oeuvres par des plasticiens contemporains. Depuis, pendant dix ans, ce travail de collecte de photographies et de témoignages mais aussi d’écoute, s’est patiemment élargi. Il donne lieu pour le 60e anniversaire du 9 juin 1944, à cette publication dont la conception évolutive permettra d’intégrer à l’avenir de nouveaux témoignages et photographies. Ni album souvenir, ni livre au sens classique du terme, il s’agit d’un objet singulier pour une mémoire présente.

«Elle fut longue, la vérification de papiers. Je voyais, de loin, là-bas,devant la direction de l’établissement, un groupe confus : les autorités de la ville mêlées aux uniformes allemands. On distinguait vaguement la formation de trois groupes : l’un à droite, l’autre à gauche, et quelques isolés, dans le milieu. À quoi répondait ce classement ? Mystère encore. « Walter », le chef de la Gestapo, interrogeait, examinait les papiers qu’on lui tendait, puis, d’un geste de son index, envoyait l’interpellé dans la colonne du milieu. Il faisait les réflexions les plus inattendues, les plus saugrenues : « vous êtes bien mal rasé, bien mal ciré. D’où sortez-vous cette capote ? Vous auriez pu la faire teindre ». Certains étaient appréhendés plusieurs fois puis abandonnés. D’autres étaient envoyés dans la colonne du milieu puis revenaient. Le Maire, ou plutôt le président de la délégation spéciale, dressant sa silhouette sur le milieu de la chausée, annonça : « Pour que la vie reprenne en ville, sortez …les employés de préfecture … » ils se rangèrent sur la route « les employés de mairie », ils se mirent à la suite…; « les employés des P.T.T…., du gaz…, les électriciens » (lesquels ? marchandages) ; « les chefs d’ateliers, sous-chefs, agents de maîtrise de la Marque, de la Manufacture »… (des mots plus ou moins techniques furent prononcés), « les entrepreneurs, les bouchers, les boulangers, les épiciers, les maraîchers, les pompiers, les services des eaux, les services du ravitaillement, les services financiers, les services des colonies de vacances, les garagistes (peut-être) »… « les docteurs, les pharmaciens, etc ».
Un choix au petit bonheur. Travail fait rapidement, en vitesse. Il y eut certes des oublis, des erreurs dans les deux sens….
Pour que la vie reprenne en ville ? Quelle dérision ! C’était sans doute pour que la vie reprenne en ville qu’on avait accroché des cordes aux potences et aux balcons. Mais cela, nous ne le savions pas encore… Nous restions 600 au maximum. Quels étaient ces hommes ?
C’étaient des hommes dont on n’avait pas besoin pour que la vie reprenne : êtres inutiles, parasites, douteux, donc suspects. C’étaient des jeunes ; les jeunes n’ont, en général, pas de situation : ils sont écoliers, élèves,étudiants, apprentis.
Il y avait aussi beaucoup de vieux de plus de 50 ans… Ces hommes étaient des ouvriers, des artisans, quelques fonctionnaires inutiles sûrement des terroristes ! …
Sur la place de Souilhac, cette foule compacte avait confiance. Ils étaient si nombreux. N’étaient-ils pas là, tous des hommes libres, égaux, des frères ? Ah ! Malheureux ! Vous aviez oublié qu’une révolution avait balayé tous ces mots. Egaux ? Pas même devant la mort. On allait vous le montrer dans quelques instants. Et le tri avait commencé»

Antoine Soulier *, « le Drame de Tulle »


* Instituteur à Tulle, raflé avec son fils Auguste qui sera pendu. Il écrira au sortir des terribles journées de juin 1944 l’ouvrage « Le Drame de Tulle », référence majeure et incontournable de ces évènements car il sera le seul à cette époque, à recueillir aussitôt les témoignages directs et précis d’un grand nombre de familles de victimes. Il faudra d’ailleurs attendre le 50e anniversaire en 1994 pour que les familles aient la possibilité de s’exprimer à nouveau.


Visage de l'horreur et esthétique du souvenir : est-il possible de se souvenir du présent d'un cauchemar politique ?
"Il s'agit de poser la question de la valeur du devoir de mémoire, de son rapport fidèle aux faits, de sa résistance à toute tentative de perversion oblique de son énoncé. Mon intervention voudrait interroger l'idée de commémoration pour mieux en souligner l'importance, faudrait-il dire l'urgence ? " Véronique Nahoum Grappe

Le texte qui suit est extrait de l'intervention de Véronique Nahoum Grappe, anthropologue, venue à Tulle le 9 juin 2001 à l’invitation de Peuple et Culture.


DEVOIR D’HISTOIRE.
« En France, le nom d’Oradour sur Glane est familier même à ceux qui ne savent pas exactement ce qui s’est passé. À la libération, Oradour est devenu d’emblée un symbole de la barbarie nazie et a suscité un travail d’histoire et de mémoire, des articles, des ouvrages, un musée qui deviendra plus tard centre de la mémoire. Oradour est dans les manuels scolaires. Tulle a échappé à la mémoire nationale. Pourquoi ? Peut-être est-ce dû au fait que les Tullistes ont assisté au martyr des leurs après un processus de tri. Je crois qu’il n’y a rien de plus avilissant que de trier les futures victimes devant leurs proches, de sélectionner ceux qui resteront en leur laissant la culpabilité inconsciente d’avoir pris la vie d’un autre. Peut-être faut-il aussi prendre en compte la différence de statut plus ou moins consciente entre la mort par le feu, quasi sacrificielle et « purificatrice » et celle par pendaison, souvent perçue comme infamante et « basse » dans de nombreuses civilisations dont la nôtre. Il est troublant de constater que le poids du silence peut envahir tout l’espace de communication collective : silence dans les familles, silence sur la place publique, silence dans tout le pays. Les nouvelles générations ne savent rien, mais parfois elles sentent peser quelque chose. Dans les années 90, Peuple et Culture décide de prendre contact avec les familles des victimes. Jusqu’alors, seule la commémoration annuelle rappelle ces évènements tragiques sur lesquels ont pesé pendant des années une chape de silence, de non dits et de souffrances tues. La cérémonie, le rituel, peuvent commémorer sans convoquer la mémoire, paradoxalement : on peut ainsi pendant quarante ans évoquer en fanfare et drapeau, le souvenir d’une période historique douloureuse et en effacer en même temps l’histoire réelle ! La commémoration ritualisée peut alors en se répétant, enterrer de plus en plus profondément son propre objet. Il faut revenir aux témoignages enfouis, aux souffrances réelles, aux faits avérés et précis : il faut accepter le miroir difficile de ces faits et ainsi exhumer les « cadavres dans les placards » (qui eux aussi doivent être enterrés normalement !), les culpabilités diffuses qui sont des ferments de désespoir secrets et de haines détournées, matrice d’une vie politique pétrie de fausseté et de ressentiments. Un tel travail a seulement été ébauché à Tulle et il serait indispensable de le continuer. Qu’est-ce que le devoir d’histoire ? C’est donner sa place à la version des victimes en recueillant leurs témoignages, leur parole. À partir de là, un travail d’historien consiste à rassembler un faisceau de faits, dégager une logique historique des choses inscrites dans le respect de la parole des survivants. Il y a eu crime ici et ça a fracturé la vie de bien des gens, il faut en faire l’histoire très sérieusement. D’autant plus sérieusement, justement documentée, sans idéologie, sans à priori, c’est ce qui fait que la victime survivante peut enfin être délivrée. Lorsque le silence est aussi inscrit dans le rapport à soi-même et que la force du déni a envahi tout le champ de la conscience, entendre ou lire le récit des faits peut avoir une valeur de réconciliation avec la vie, après un moment de crise intense et d’émotion terrible. À quoi sert le souvenir de ces morts s’il n’implique pas un devoir de présence à ce qu’il aurait fallu et ce qu’il faudrait faire si on voulait vraiment lutter contre ce qui les a tués ? Dénoncer, dénoncer, à défaut de résister. Plutôt que le recueillement et la commisération, ne faut-il pas privilégier la réflexion sur la présence du passé, dénoncer les ressemblances du présent, dévoiler la permanence de l’horreur pour mieux prévenir son renouvellement ? Car qu’il s’agisse du Rwanda, de l’Algérie, de l’ex-Yougoslavie, du Soudan, du Congo Brazzaville, de la Tchétchénie ou de la barbarie nazie, l’histoire répète de terribles crimes contre l’humanité : être fidèle aux pendus de Tulle, c’est, en acceptant leur histoire sans trou ni blanc, réagir et agir contre les pouvoirs assassins qui les ont massacrés et continuent sous des formes différentes à massacrer. La vraie mémoire des victimes du nazisme, c’est la résistance à tout ce qui peut lui ressembler de près ou de loin. »

Extraits de l’intervention « Violence d'état »
de Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue,
Tulle le 9 juin 2001.

1 Grains de sel:

harissa a dit…

je ne sais pas exprimer en terme de psychologie la drôle d'impression que me fait ce type, pur produit d'une famille dont il nie toute l'horreur quand je reste persuadée qu'il l'assume, qu'il l'espère et à quel point il saurait la reproduire... à quelles fins si ce n'est celle de nous endormir, de nous manipuler...je l'ai vue l'horreur dans les archives photos de l'humanité où je travaillais, par milliers de photos de milliers de cadavres, que je crois parfois sentir l'odeur des charniers.
j'ai eu le bonheur de rencontrer, àl'adolescence une femme poète qui a réchappé d'auschwitz, ses parents n'ont pas eu cette chance,ni sa soeur, quand elle raconte son histoire, c'est elle que je crois, pas l'autre connard!