12/06/2007

jouons le je...

Que gagnons-nous à travailler?





la question telle qu'elle est posée suppose qu'il existe un libre choix concernant l'activité travail.

or, le plus souvent, l'individu moyen est contraint au travail par la nécessité : nécessité de subvenir à ses besoins élémentaires, nécessité de se loger pour se protéger des éléments extérieurs, nécessité de se nourrir pour entretenir ses principes vitaux, nécessité de se vêtir pour affronter le consensus moral de la société; nécessité toujours et encore qui oblige la plupart des individus des sociétés occidentales à passer par les fourches caudines du travail.



le travail par lui même, oblige l'individu à une nécessaire subordination à ses exigences.



il se place donc sous le signe distinctif de la nécessité, oblitérant le libre choix réel: le choix du non travail pour un individu restant subordonné, dans la plupart du temps, en l'absence de moyens de subsistances propres (issus eux mêmes du travail de générations précédentes : l'argent ne se reproduisant pas sui généri), aux surplus distributifs d'une frange d'actifs, eux mêmes assujettis à la valeur travail. le non travail en l'absence de ressources personnelles, est donc un luxe que permet le monde organisé du travail à une petite frange de la population.

mais ce luxe est chèrement payé par l'obligation perpétuellement renouvelée de se mettre au pas et de rentrer dans le rang de la masse laborieuse (celle qui se consacre au travail).

de fait, nous ne gagnons à travailler que le moyen de nous subsister dans un confort plus ou moins grand et dans des conditions plus ou moins propices.

mais ce moyen n'est pas égalitaire et bien souvent ne permets pas même à ceux qui l'exercent de s'assurer un niveau de vie qui puisse être considéré comme décent.

dans un absolu où les moyens de subsistance seraient assujettis à chacun selon ses simples besoins, le travail n'aurait aucune raison d'être et en tant qu'individus en formation permanente, nous n'aurions rien à y gagner.



le travail est dispendieux en temps, il dévore à chaque jour, un tiers du temps de vie de l'individu qui s'y emploie, il est dispendieux en effort, parfois même aliénant, source de drames individuels, autant moraux que physiques.



le travail tel que l'économie le dicte est une incongruité: il est avilissant, polluant, créateur de faux besoins, déstructureur de liens sociaux, source inépuisable de stress et de conflits, générateur de maladies.

il est donc pour l'essentiel de ceux qui l'exercent, la représentation de la nécessité.



et si l'on se place dans une perspective épicurienne, il n'est pas nécessaire de vivre sous l'empire de la nécessité. en conséquence, un être humain normalement constitué, n'a rien à gagner au travail, sinon la satisfaction factice d'une malsaine compétition avec ses voisins.

par contre, l'exercice d'une activité, choisie, détachée des contingentements financiers qu'implique le "travail", pris dans son sens étymologique est un bien souverain pour l'individu qui l'exerce, c'est même un besoin vital, une triviale nécessité, difficile de considérer quelqu'un ne faisant strictement rien.



d'ailleurs, le temps de loisir que nous arrachons si difficilement au temps de travail, attaché au pieu qui nous contraint, n'est il pas la stricte application d'une activité pleinement choisie, et n'en exerçons nous pas la pleine et entière jouissance à chaque fois qu'il nous en est permis.



en conclusion, l'homme travailleur, perd le plus souvent sa vie à la gagner et en considérant selon la doxa admise que le temps c'est de l'argent, c'est le contenu de sa propre vie qu'il dépense inconsidérément et qu'il laisse échapper en la sacrifiant au travail.











1 Grains de sel:

harissa a dit…

20/20