21/03/2007

zebda : et tout d'un coup, du beur dans notre pinard...

Tomber la chemise, Pascal Cabero, Danger Public, 223 p., 14,50 euros.

Eté 1999. On entend partout les accords du tube Tomber la chemise. Après dix ans de tournée dans toute la France, deux albums créés dans la douleur, le groupe engagé Zebda plonge dans le succès avec Essence ordinaire, son troisième album. Imperceptiblement, les choses changent pour les Toulousains : « Un petit frémissement de la foule au début d’un morceau, un refrain chanté spontanément, autant de signes qui ne trompent pas, les gens connaissaient l’album. C’était quelque chose de nouveau pour nous. »

Avec le livre Tomber la chemise, le guitariste du groupe, Pascal Cabero, revient aujourd’hui sur quinze années de musique et de vie. Il raconte les interminables trajets dans le vieux van, les prises de bec, les moments de doute et les instants d’éternité. Intarissable sur la musique et sa guitare, il revient à la source de l’aventure, la sienne et celle de Zebda. Après une tranche de vie en Australie qui s’achève par une expulsion en bonne et due forme, Pascal Cabero revient à Toulouse avec une seule idée en tête : la musique. Il frappe chez Magyd Cherfi, retrouve Joël Saurin. Vincent Sauvage se met à la batterie, Christophe Delannoy au clavier et Hakim et Mustapha Amokrane se lancent aux choeurs. « En verlan, arabe se dit beur. En arabe, beurre se dit Zebda. On avait un nom, il ne restait plus qu’à se le faire. »

Côté musical, « il y avait deux écoles, le lyrisme du rock binaire et les rythmes ternaires et enlevés d’Afrique ». Hétéroclite et inclassable, leur musique n’avait qu’un seul arbitre : le public. « Nous étions fous furieux. Nous cherchions à tout prix son approbation. Si un morceau fraîchement composé ne passait pas l’épreuve du feu, à faire bouger les gens, il disparaissait aussitôt de notre répertoire. » Une exigence qui ne laisse pas indemne. « Nous étions sans pitié les uns avec les autres. Les repets étaient des combats de coqs. » Tout au long de ces quinze années, on retrouve cette difficulté à coexister. « Le timide, le fort en gueule, le profond, le superficiel, le sérieux, le débonnaire, l’extrémiste, le consensuel, on formait un conglomérat d’incohérences, un ramassis hétéroclite de vilains petits canards. » Rien ne changera jamais de ce côté-là, « nous marchions Copain-Clopant ».

Mais il y a la rage de réussir à changer le monde, en fanfare : « Le sens de notre existence en tant que groupe passait par une prise de parole. La question du rôle de l’artiste et de son degré d’engagement politique dans son art ne s’est jamais posée, elle était implicite. » Avec Le bruit et l’odeur, Zebda se radicalise. Avec Essence ordinaire, il se professionnalise : « Notre ambition de passer un cap artistique était bien réelle. Je voulais avoir la sensation de m’être dépassé. Réaliser un album dont je serais fier, me hisser dans la cour des grands et surtout, ne pas avoir de regrets. » Ne pas avoir de regrets, c’est connaître le succès sans renoncer au message citoyen qui a été de toutes les tournées. Réduire la fracture, construire des ponts entre les cultures, montrer l’exemple de la mixité.

L’engagement devient politique lors des municipales de 2001. Le mouvement « Motivé(e)s », dans lequel sont engagés, de près ou de loin, tous les membres de Zebda, rafle 12,38% des suffrages au premier tour des municipales à Toulouse. « Ce parti sans programme prônait la démocratie participative, défendait un monde au service des gens, pas au service des multinationales et des marchés financiers, une politique autrement ». Une partition en parfait accord avec les virtuoses du « chanter autrement. »

1 Grains de sel:

harissa a dit…

encore une raison de partir là bas...la musique et les musicos locaux...rien que ça...