31/07/2007

écho nomiste...

Longtemps enfermés pour la plupart dans leur tour d’ivoire théorique, une partie des économistes universitaires ont eu tendance à en sortir depuis une quinzaine d’années, pour se colleter avec les problèmes de la société : chômage, exclusion, précarité, endettement, éducation… Cela les a rapprochés du réel, mais, en même temps, ils ont eu tendance à étudier ces problèmes sous l’angle de leur seule spécialisation, oubliant ou occultant les autres dimensions.
La fiscalité est ainsi analysée uniquement du point de vue de son incidence sur la croissance économique, pas sous celui de la justice sociale. Les propositions de contrat de travail oublient la question de la subordination du salarié à son employeur et la nécessité d’un arbitre externe. La régulation par les prix est toujours préférée à celle par le politique, etc. Ce sont des universitaires (américains) qui ont imaginé les stock-options pour éliminer les conflits d’intérêt entre dirigeants et actionnaires d’une entreprise. Le résultat a été d’inciter les premiers aux tricheries comptables, les seconds à accentuer leurs exigences de rendement, et l’ensemble du système à devenir plus instable et plus inégalitaire, au détriment des salariés et de la société tout entière.
Cette complexité du réel devrait inciter les économistes à confronter leurs approches avec celles de spécialistes d’autres sciences sociales. Un certain nombre l’ont fait et travaillent dans des laboratoires où gestionnaires, sociologues, juristes ou politistes se mêlent. Mais la certitude de beaucoup de détenir la clé ultime de la compréhension du fonctionnement d’une société les amène au contraire à penser que le mécanisme des prix et la concurrence sont les composantes essentielles de toute bonne société. Parce qu’ils débouchent forcément sur une société efficace, donc sur la croissance la plus forte possible, donc sur la société la plus désirable possible. C’est cette prétention impérialiste qui pose aujourd’hui problème. Bien davantage que les appartenances idéologiques des économistes.

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