05/07/2008

tiré de politis de cette semaine...quoi, tu l'as pas lu, et bien t'as qu'à l'acheter...

On nous avait promis une
mondialisation heureuse, l’argument
de vente essentiel étant le bien-être
du consommateur mondial, épicentre
de la théorie économique du bienêtre.
Il serait obtenu par la baisse des prix et
la convergence des revenus entre pays
riches et pays pauvres, grâce à la
concurrence mondiale dans un marché libéré
et globalisé. La hausse des prix des produits
de base, avec les tendances inflationnistes
qu’elle comporte, sème l’émoi dans le gotha
de la pensée économique, alors que les
signes de rétraction de la croissance sont là.
« Globalisation, le pire est à venir », tel est le
cri d’alarme de Patrick Artus, directeur de la
recherche de Natixis, membre
du Conseil d’analyse
économique, et de la journaliste
Marie-Paule Virard (1).
Apparemment, rien ne manque,
dans le livre qu’ils cosignent, de
l’arsenal des critiques de la
globalisation : inégalités
croissantes, gaspillage des
ressources, dérives de la
finance, paradis fiscaux, course
insensée aux profits, nécessaire
équité et transparence, risque
d’éclatement de l’Europe. Mais
attention, il ne s’agit pas de
« remettre en cause la
globalisation ni de plaider pour
un improbable retour en
arrière ». Tout changer pour que
rien ne change selon l’heureuse
formule de Lampedusa dans le
Guépard, à propos des
changements que doit accepter
l’aristocratie italienne pour que
rien ne change. Tout dire pour ne rien dire et
ainsi désamorcer la critique.
Car le problème réside bien, selon Patrick
Artus et Marie-Paul Virard, dans le
bouleversement des anciennes hiérarchies.
La globalisation fonctionnait très bien tant
que les pays du Sud, fournisseurs de maind’oeuvre
et de ressources à bon marché, et
en particulier la Chine, rebaptisée pour
l’occasion « l’Empire du Milieu », restaient
sagement à leur place. Mais, selon les
auteurs, c’est le déplacement du centre de
gravité du monde – qui affaiblit les pays
riches et provoque des déficits extérieurs –
qui est responsable des excès de liquidité
mondiale, « des folies de la planète finance »,
de la hausse des prix des matières premières
et des nuisances environnementales. Et « le
scénario catastrophe », c’est le processus de
convergence des revenus qui conduit à
l’envolée de la demande des ressources rares
et de la pollution. C’est pourtant bien ce
processus de convergence qui justifiait les
politiques néolibérales et renvoyait à
l’égoïsme et à l’archaïsme tous ceux qui en
dénonçaient les effets ! Si nous pensons que
l’extension du modèle occidental à toute la
planète est non seulement impossible mais
non souhaitable, ce n’est pas l’égoïsme des
nouveaux venus au banquet qu’il s’agit de
fustiger en priorité, mais l’égoïsme des
classes possédantes, qui, en Chine ou
ailleurs, ont oublié depuis bien longtemps ce
que pouvait être un bien public.
Nous pourrions en effet nous réjouir de lire
que le pétrole, l’eau, l’air, l’alimentation, la
monnaie et la justice sociale, sont des biens
publics mondiaux qui nécessitent une
nouvelle coopération internationale. Mais
c’est pour mieux appuyer la seule
proposition du livre, une sorte de
gouvernement mondial des « acteurs de
l’économie-monde », capable de lutter contre
les égoïsmes (en particulier
ceux des nouveaux venus) et
contre toutes les formes
d’intervention particulière des
États. L’exemple choc est le
« nationalisme énergétique » qui
fait qu’en 2008, les firmes
pétrolières multinationales
(acteurs essentiels de
l’économie-monde), ne
contrôlent que 15 % des
réserves prouvées de pétrole
quand le reste est contrôlé par
les firmes publiques des pays
producteurs. Et les plus visés
sont le Venezuela et la Bolivie,
qui bloquent l’offre mondiale de
ressources !
L’effondrement des politiques
libérales classiques avec la crise
de 1929 a été un moment
fondateur pour un renouveau
libéral d’où seront issus les
courants du néolibéralisme. Au-delà de leurs
divergences, ces derniers se sont accordés
pour dire que la concurrence seule peut
assurer la rationalité économique. L’État doit
imposer la concurrence là où elle ne
fonctionne pas d’elle-même, car elle assure
la formation des prix qui règlent les choix de
la société. Et rien ne va plus dans la planète
néolibérale quand les prix sont en partie
soumis aux dérives de la finance. Mais l’État
ne doit pas être un régulateur du marché,
car l’excès de gouvernement est porteur
d’irrationalité, c’est la liberté de marché qui
doit être le principe organisateur de l’État.
Les gouvernements n’ont pas à intervenir
sur les effets destructeurs du marché, ils ont
à mettre en oeuvre une politique de société
pour que les mécanismes concurrentiels
jouent partout et dans les moindres
interstices le rôle de régulateur. C’est à leur
manière ce qu’appellent de leurs voeux nos
deux auteurs qui concluent le livre ainsi : « La
“civilisation” – mot fétiche du moment – de la
globalisation reste à inventer.»
(1) Globalisation, le pire est à venir, Patrick Artus et Marie-
Paule Virard, La Découverte.



c'était quoi, déjà le titre du billet le monde c'est c(r)ool

0 Grains de sel: